Dimanche 30 avril, la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation, s’est déroulée pour commencer rue des Martyrs de la Déportation pour un temps de recueillement et un dépôt de gerbe par l’ADIRP sous la plaque commémorative, et s’est poursuivie à 11 h, à la stèle du Général de Gaulle, avenue Maréchal Foch.
Aux côtés du Maire, Thierry Lavit, le Sous-préfet de l’arrondissement d’Argelès-Gazost, Fabien Tuleu, le Député Benoît Mournet, les Sénatrices Viviane Artigalas et Maryse Carrère, les Conseillers départementaux Stéphane Peyras et Marie Plane, le Premier Adjoint au Maire, Philippe Ernandez et des élus du Conseil municipal, des Présidents et membres des associations patriotiques, les Porte-drapeaux, des représentants des Forces de l’ordre : Police nationale, Police municipale et Gendarmerie, et le public.
La Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation honore la mémoire de tous les déportés sans distinction et rend hommage à leur sacrifice. Cette journée a pour vocation de rappeler à tous ce drame historique majeur, les leçons qui s'en dégagent, pour que de tels faits ne se reproduisent plus. Cette commémoration se déroule chaque année le dernier dimanche d’avril. Cette date a été retenue en raison de sa proximité avec la date anniversaire de la Libération de la plupart des camps, et parce qu'elle ne se confondait avec aucune autre célébration nationale ou religieuse existante.
Dimanche 30 avril, l’assemblée a pris connaissance de la lecture du message de la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes, lu par Carmen Fontaine, Présidente de la section lourdaise de l’Association des Déportés Internés Résistants (ADIRP), puis du discours du Maire de Lourdes, Thierry Lavit.
Après la diffusion du « Chant de Marais » et le Garde à vous, les personnalités ont procédé aux dépôts de gerbes, suivis de la Minute de silence et de La Marseillaise.
Les autorités ont ensuite salué les porte-drapeaux, les présidents d’association patriotiques, les invités et le public, clôturant ainsi cette cérémonie.
Les discours
Discours de Carmen Fontaine, Présidente de la section lourdaise de l’Association des Déportés Internés Résistants (ADIRP). Ce texte a été signé par l’ADIRP en collaboration avec la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP),
la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) et les Associations de mémoire des camps nazis, et l’Union Nationale des Associations de Déportés et Internés de la Résistance et Familles (UNADIF – FNDIR).
« En ce dernier dimanche d’avril, la Nation rend hommage aux victimes et aux héros de la Déportation que la barbarie nazie, avec la complicité du régime de Vichy, a jeté par dizaines de milliers dans l’enfer des camps de concentration et d’extermination en raison de leur résistance à l’occupant, de l’arbitraire des rafles de répression, de leur appartenance ethnique, de leur confession ou de leur choix politique.
Cet hommage puise sa force dans l’évocation des valeurs portées par les derniers rescapés des camps et par leurs camarades disparus : le respect des droits humains, la dignité et la liberté, la tolérance, l’égalité et la fraternité. Ils ont, pour beaucoup d’entre eux, payé de leur vie leur attachement à la France.
Les survivants se sont résolument engagés dans la construction d’une Europe unie et pacifique, gage de solidarité entre les peuples.
Le destin tragique des Déportés doit interpeller la conscience et la raison de toutes les générations car le combat n’est pas terminé. En effet, se précisent, sous nos yeux, les menaces de plus en plus préoccupantes des totalitarismes de toute nature, du fanatisme religieux, du nationalisme et de la xénophobie, du racisme et de l’antisémitisme, de la remise en cause de plus en plus systématique des principes de la démocratie.
L’actualité nous le rappelle cruellement : les forces destructrices des dictatures s’attaquent à la souveraineté et à la liberté des peuples dans le monde. Sur notre continent, le martyre actuel du peuple ukrainien, dont le patriotisme et la résistance héroïque à l’agresseur forcent le respect, doit nous inciter à faire preuve d’une vigilance accrue. Tous les efforts doivent tendre à l’instauration d’une paix juste et durable pour tous les peuples comme l’avaient espéré les Déportés à leur libération.
Les hommes et les femmes qui, dans les camps de la mort, ont fait de la dignité et de la solidarité un combat quotidien pour survivre à un système organisé de négation de la personne humaine, nous montrent, par leur exemple, la voie à suivre, celle de la résistance et du combat permanent pour la Liberté ».
Discours de Thierry Lavit, Maire de Lourdes
« Persécutés dès l’arrivée au pouvoir des Nazis, les Juifs sont dès 1941, et d’abord à l’Est, victimes d’une logique génocidaire. Au fil du temps, y sont internés également les opposants au régime, les « asociaux », les personnes dont l’orientation sexuelle n’est pas conforme aux préceptes nazis et tous ceux qui n’entrent pas dans les normes nationales-socialistes comme les politiques et les résistants.
Les travaux de l’Institut d’Histoire du Temps Présent et du ministère des Anciens combattants retiennent un chiffre de 141 000 déportés de France dans les camps de concentration, ou lieux d’extermination nazis, au cours de la Seconde Guerre mondiale.
75 000 environ pour des raisons raciales (2 500 survivants) chiffre auquel il convient d’ajouter 4 000 victimes mortes ou exécutées pendant leur internement en France.
66 000 environ pour des raisons diverses dont 42 000 pour faits de résistance (23 000 survivants), 100 000 déportés partis de France ne reviendront pas.
Cette guerre dite « drôle de guerre » débutée le 1er septembre 1939 aboutira rapidement, pour la France, par la signature d’un Armistice le 22 juin 1940.
La France sera alors divisée en deux, d’un côté l’occupation et de l’autre la zone dite libre, sous le régime de Vichy, dirigé par le Maréchal Pétain. Une zone qui sera tout de même occupée le 11 novembre 1942, suite à l’arrivée des Alliés en Afrique du Nord.
La Résistance dans le département est un sujet peu connu et pourtant bien réel.
À Lourdes, de nombreux hôtels sont réquisitionnés, à Tarbes, ce sera l’Arsenal et notamment les usines comme Morane-Saulnier.
Alors que les Allemands s’installent, des mouvements sont rapidement créés. D’abord des réseaux, dont celui de Gaston Hèches qui, dès juillet 1940, permet la transmission d’informations par l’Espagne. Puis, vient le réseau Andalousie et les mouvements Libération menés par André Fourcade et Comba par Roland Cazenave. Enfin viennent les premiers maquis comme le groupe Bernard (vallée de l’Espone), le groupe Nistos-Esparros (des Francs-Tireurs et Partisans Français), le maquis d’Omex, le Corps Franc Pommiès…
À l’occasion de cette journée commémorative, il nous paraissait donc important, au titre du devoir de mémoire, d’honorer nos Résistants lourdais tombés au feu, exécutés sans jugement ou qui ont été déportés, parfois après de très longues journées de torture.
Parmi tous ces héros, certains resteront hélas dans l’ombre. Mais leur souvenir restera vivace au travers de ceux, connus, qui se rappellent à nous au travers des rues, des avenues ou des places qui portent leur nom en remerciement de leur sacrifice et à l’admiration de leur courage. Nous ne devons jamais oublier cela.
Vous pouvez par ailleurs leur rendre hommage en visitant la salle du Conseil Municipal, dans laquelle figurent leur portrait et auxquels viendront bientôt s’ajouter les portraits des femmes, c’est ce que j’ai souhaité, les portraits de nos femmes résistantes.
Morts au combat : René Courtade, Jean Vallès dont la salle du Conseil municipal porte le nom, Jean Menvielle, Paul Callet.
Déportés et (ou) exécutés par les nazis : Célestin Romain, Alexandre Marquis, Francis Lagardère.
Vive la République, Vive Lourdes et Vive la France. »
Publié le 04/05/2023