Samedi 27 mai 2023, place Peyramale à Lourdes, s'est déroulé la commémoration de la Journée nationale de la Résistance.
Après le Salut au Piquet d’Honneur, et le placement des autorités, l’assemblée a écouté la lecture de l’allocution de M. Olivier de Clarens, Président du Comité Départemental de la Résistance.
« Il y a quelques semaines, la chaîne de TV franco-allemande Arte a choisi pour thème la Résistance, il a fallu 4 épisodes de 55 min au réalisateur Patrick Rotman pour raconter comment la Résistance avait pu être unifiée, et le documentaire a été logiquement intitulé : Résistances — au pluriel - : les bricolages héroïques.
En effet, la Résistance était diverse et décentralisée, la complexité de l'armée des ombres se résumait dans des grands groupes, Combat, Libération, les Francs-tireurs, d'autres plus restreints et locaux, voués à des actions ciblées comme Résistance Fer, chacun avait son chef, et beaucoup ne se connaissaient pas entre eux, puisque la clandestinité était la règle de base de la survie.
Citons sans ordre chronologique, ni répartition géographique, l'instituteur communiste Guigouin dans le Limousin, sorte de Robin des Bois insaisissable, Serge Ravanel à Toulouse, as du renseignement, le premier réseau, celui du Musée de l'homme anéanti, celui de Notre Dame démantelé dont quelques survivants reprirent ensuite le combat, des catholiques, avec des évêques comme Mgr Saliège ou Mgr Théas, des communistes, libérés depuis l'attaque de l'URSS, des monarchistes et même des pétainistes qui avaient cru que De Gaulle et Pétain s'étaient réparti les tâches dans le même but, sauver la France
Le quotidien des Résistants était parfois plus dur que celui de la population générale, l'un d'eux résuma la situation : « pendant 2 ans, j'ai eu faim, j'ai eu froid, j'ai eu peur ».
Des gestes dérisoires comme arracher un drapeau ennemi, défiler avec le drapeau français, se mêlaient à des actions en profondeur comme imprimer des tracts qui ensuite devinrent des journaux anti-propagande, fabriquer des faux papiers parfois avec l'aide de ceux qui émettaient les vrais, beaucoup d'espionnages, c'est-à-dire renseigner les alliés sur les positions militaires de l'ennemi, les passeurs exfiltraient les aviateurs abattus, des anonymes qui n'avaient d'autre salut que dans la fuite, ceux qui voulaient rejoindre Londres ou en Afrique du Nord pour continuer le combat.
Les résistants avaient peu d'armes que les soutiens à Londres étaient réticents à fournir, ils ont livré avant juin 1944 peu de combats, ce qui n'empêchait pas les Résistants d'être reconnus, arrêtés, torturés, fusillés ou déportés, Pierre Brossolette, trahi par son radio, premier exécuté, JP Timbaud syndicaliste fusillé en représailles, Manouchian, Guy Môquet, ad libitum, ad nauseam...
À Londres, un futur compagnon de la Libération, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, eut l'idée de créer un chant commun qui serait celui des résistants, qui ne serait pas un hymne, mais un signe de reconnaissance.
Il avait sous la main trois volontaires, Joseph Kessel, son neveu Maurice Druon, pour les paroles, et une jeune artiste russe Anna Marly, pour la mélodie, ces artistes se réunirent dans un hôtel du Sussex où ils le rédigèrent pendant la fin de semaine : le chant des partisans est né, le 30 mai 1942, il a été enregistré aux studios d'Ealing par Germaine Sablon puis diffusé en France.
Hier chant identitaire, aujourd'hui, il résonne pour honorer le souvenir de ceux qui ont combattu, il illustre cette phrase de Péguy : dans la guerre comme dans la paix, le dernier mot est à ceux qui ne se rendent jamais. »
Ensuite, Monsieur Philippe ERNANDEZ, 1ᵉʳ adjoint au Maire de Lourdes, a fait la lecture du message National de Monsieur Sébastien LECORNU, ministre des Armées et de Madame Patricia MIRALLES, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la Mémoire.
« Les femmes et les hommes que nous honorons aujourd’hui ont pris tous les risques, bravé la plus barbare des répressions, accepté la mort, pour incarner les valeurs de la France quand elle avait un genou à terre et ainsi sauver l’honneur et l’avenir de notre Nation.
Alors que certains avaient choisi les ténèbres de la collaboration avec l’occupant allemand, ils furent plusieurs centaines de milliers à entretenir la flamme de la Liberté. Ils furent plusieurs dizaines de milliers à mourir pour la France, sous la torture, au combat, fusillés, décapités, déportés.
« Les rides qui fanaient le visage de la Patrie, les morts de la France combattante les avaient effacées ; les larmes d’impuissance qu’elle versait, ils les avaient essuyées ; les fautes dont le poids la courbait, ils les avaient rachetées. » pouvait ainsi déclarer Pierre Brossolette, le 18 juin 1943.
C’est en souvenir d’eux, comme de leurs sœurs et de leurs frères d’arme qui survécurent, que la Nation se recueille aujourd’hui. Nous ne les oublions pas.
Les combats des Résistants mirent à mal l’armée d’occupation, préparèrent la Libération et permirent d’entretenir l’espoir. Des Français, plongés dans l’effroi d’une occupation féroce, dans l’attentisme ou dans les fausses promesses de Vichy ont trouvé, dans l’exemple des Résistants, le courage individuel d’entrer dans la voie de l’action. En rejoignant les maquis, en transportant armes et messages, en organisant des évasions, en accueillant évadés et persécutés, en transmettant à Londres ou à Alger les renseignements sur les mouvements de l’occupant, en distribuant tracts et journaux, en dessinant sur les murs la croix de Lorraine et le V de la Victoire entrelacés, illustrant en actes le poème de Paul Eluard :
« Sur mes refuges éteints,
Sur mes phares écroulés,
Sur les murs de mon ennui,
J’écris ton nom.
Liberté ».
La Résistance, c’est aussi un hymne, Le chant des Partisans, créé il y a 80 ans. C’est « le vol noir des corbeaux sur la plaine », c’est « les cris sourds du pays qu’on enchaîne », auxquels répond l’espérance, la certitude même, de la Victoire finale : « Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute ».
Cette journée d’hommage est aussi celle d’un anniversaire : celui de la création du Conseil national de la Résistance.
Le 27 mai 1943, 17 résistants se rassemblaient clandestinement rue du Four à Paris pour transcender leurs différences et unifier les organisations combattantes, politiques, syndicales.
Ils s’appelaient Jean Moulin, Pierre Villon, Jacques-Henri Simon, Roger Coquoin, Jacques Lecompte-Boinet, Charles Laurent, Claude Bourdet, Pascal Copeau, Eugène Claudius-Petit, André Mercier, André Le Troquer, Georges Bidault, Marc Rucart, Joseph Laniel, Jacques Debû-Bridel, Louis Saillant, Gaston Tessier, bientôt rejoints par Ginette Cros.
S’unissaient ainsi, à travers leurs représentants, les grands mouvements résistants des zones Nord et Sud ; les principaux partis politiques opposés à l’occupant et à Vichy : le Parti Communiste, la SFIO, le parti radical, le parti démocrate populaire, l’Alliance démocratique et la Fédération républicaine ; les syndicats : la CGT et la CFTC.
L’union de ces hommes aux convictions si différentes fut une étape déterminante du changement promis quelques mois auparavant par le Général de Gaulle, cette « révolution que la France trahie par ses dirigeants et ses privilégiés avait commencé d’accomplir ».
En ce 80ᵉ anniversaire de la réunion de la rue du Four et de la création du Conseil national de la Résistance, ils seront tous réunis dans un même hommage, par le fleurissement simultané de leurs sépultures.
À Paris, dans les Hauts-de-Seine, en Seine-Saint-Denis, en Côte d’Or, dans la Loire, l’Eure, la Drôme, le Calvados, les Yvelines, la Sarthe, dans le Val-de-Marne, dans tous les départements où ils sont inhumés, des gerbes sont déposées sur leurs tombes aujourd’hui. Pour deux d’entre eux que la barbarie nazie laissa sans même une sépulture, c’est au pied d’une plaque en leur hommage qu’ils seront honorés.
Partout où ils reposent ou bien vivent encore, partout dans notre pays, souvenons-nous du combat déterminé et héroïque des Résistants pour sauver la France, pour faire vivre sa devise Liberté, Egalité, Fraternité. Souvenons-nous du pacte social et républicain qu’ils construisirent du plus profond de l’oppression et qui continue aujourd’hui d’assurer la cohésion de la Nation.
Vive la République !
Vive la France ! »
Après les temps de Garde à vous et de Repos, le quatuor a interprété le Chant des Marais.
Les cinq dépôts de gerbes qui ont suivi ont été effectués par :
- Messieurs Daniel LARREGOLA et Marcel SAPARRA, au nom de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance ;
- Madame Raymonde NAVINER dépose une gerbe au nom de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes ;
- Monsieur Philippe ERNANDEZ, Premier Adjoint ;
- Madame Marie PLANE dépose une gerbe pour le Conseil Départemental ;
- M. Benoît MOURNET, Député des Hautes-Pyénées, et Mme Viviane ARTIGALAS, Sénatrice des Hautes-Pyrénées déposent une gerbe au nom des parlementaires des Hautes-Pyrénées.
Puis est venu le moment de la sonnerie « Aux Morts », de la minute de silence, du chant La Marseillaise interprété par le Quatuor.
Comme de coutume, les autorités ont ensuite salué les présidents d’association patriotiques, les porte-drapeaux, les représentants des forces de l’ordre et de secours (police, gendarmerie et sapeurs-pompiers), les invités et le public.
Publié le 29/05/2023