La commémoration de la Journée nationale de la Résistance, s’est déroulée le lundi 27 mai à 10h00 au square du Général de Gaulle, avenue Foch.
Cette cérémonie a été présidée par M. le sous-préfet de l’arrondissement d’Argelès-Gazost, Fabien Tuleu, en présence de M. Thierry Lavit, maire de Lourdes, accompagné de M. Jean-Georges Crabarie, Conseiller Municipal chargé des Anciens Combattants, de M. Benoît Mournet, Député des Hautes-Pyrénées et de Mme Evelyne Laborde, représentant le Conseil Départemental. Cette commémoration a rassemblé autour du public, les élus du Conseil municipal, les Présidents et membres d’associations patriotiques, les Portes-drapeaux et des représentants des Forces de l’ordre : Gendarmerie, Police nationale, Police municipale.
Le 19 juillet 2013, l’Assemblée nationale a adopté, à l’unanimité, une proposition de loi émanant du Sénat instaurant le 27 mai comme Journée nationale de la Résistance. Cette journée a été choisie en référence à la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) le 27 mai 1943. À cette occasion furent réunis, dans un même lieu, au cœur de Paris occupé, les représentants des principaux mouvements de résistance français ainsi que des principaux partis politiques et syndicats existant avant la guerre. Ensemble, ils ont œuvré à coordonner l’action de la Résistance et, dans la perspective de la libération du territoire national, à préparer la refondation de la République.
Le texte rédigé par M. Olivier de Clarens, Président du Comité Départemental de la Résistance a été lu par M. le maire, Thierry Lavit : “Cette année, nous célébrons les 80 ans de la libération de la France, un an avant la fin de la deuxième guerre mondiale. 80 ans peut se traduire en 2 générations, les témoins sont partis, les souvenirs se brouillent, l’histoire s’estompe! La lutte d’aujourd’hui se livre contre l’oubli dans les générations qui n’ont connu la guerre que par des oui-dires lointains mais aussi contre l’excès d’information qui occupe les media avec des documentaires trop enclins à jouer sur les émotions et mènent au risque de la banalisation de l’époque: la guerre réelle n’est pas une série télévisée. La Résistance, ce sont des individus, hommes et femmes, dont l’action isolée peut paraître dérisoire. Mais un individu peut sauver un autre individu, voire plusieurs. Ainsi, Maurice Trélut, maire de Tarbes accueillait à l’hôpital des juifs, faux malades et vrais soignants, la Ville de Lourdes a caché beaucoup de monde. Une famille locale peut sauver une famille de juifs.
En plus des réseaux structurés et compartimentés, comme Andalousie ou Buckmaster, dans la montagne, des passeurs individuels ont convoyé de simples fugitifs mais tous les évadés ne se sont pas faits connaître à la Mission Française de Madrid et ont gardé le secret de leur passage. De plus, certains ont guidé plusieurs fois des évadés, d’autres anonymes n’ont accompagné qu’une seule traversée. Les itinéraires praticables dans un milieu naturel difficile n’étaient pas infinis. Les Hautes Pyrénées portent bien leur nom, elles n’étaient franchissables que pendant la belle saison au contraire des autres départements situés aux extrémités de la chaîne. On peut quand même estimer le nombre total des évadés de France, sur toute la frontière à 22 685 personnes, mais aussi entre 7 000 et 10 000 échecs : remis aux allemands, arrêtés, internés, déportés, fusillés, morts en montagne. En plus des 342 passeurs déportés et des 660 internés.
Résister était aussi une aventure collective et complexe. Par exemple, le Corps Franc Pommiès, véritable armée clandestine, a évité la destruction de l’usine Hispano en la sabotant, ce qui a rendu inutile le bombardement prévu, qui, même effectué par des Anglais, aurait eu des conséquences terribles sur la Ville de Tarbes, qu’à l’époque on n’appelait pas dommages collatéraux. L’Occupation résultait d’une guerre et une guerre ne se mène pas seul. Les maquis composés pour l’essentiel de réfractaires au STO avaient du mal à assurer l’intendance, ils manquaient de nourriture, d’équipement, de logement, d’armes mais formaient quand même de futurs combattants.
Les réseaux constitués sont sortis de l’ombre dès que l’ordre a été donné en juin 1944 et ont mené des combats qui ont abouti à la libération du département. Les résistants haut-pyrénéens ont vaincu sans l’aide militaire directe des Alliés. Dans l’enthousiasme de ceux qui voulaient en découdre et la pagaille qui a fait croire à l’ennemi qu’ils étaient nombreux et bien armés, l'esbroufe a eu raison d’une armée encore puissante mais légèrement démoralisée, devenue nerveuse, qui était encore capable du pire comme les drames de Trébons, Pouzac et Bagnères l’ont montré.
Résister c’est se fédérer, s’unir contre l’occupant, agir contre la barbarie mais aussi incarner des valeurs qui 80 ans après sont toujours d’actualité dans le monde instable qui nous envahit de partout. Clairvoyance devant l’ennemi, la connaissance du passé nous rend plus forts pour affronter l’avenir.”
Cette lecture a été suivie par la diffusion du Chant des marais.
Puis, Fabien Tuleu a lu le message National de M. Sébastien Lecornu, ministre des Armées et de Mme Patricia Mirallès, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la Mémoire : “Il y a 81 ans, au numéro 48 de la rue du Four, la France, meurtrie et trahie, avait rendez-vous avec la République, qu’il lui tardait de retrouver. Il y a 81 ans, au numéro 48 de la rue du Four, la Résistance rassemblait le désordre de courage qui la constituait pour la transformer en une force ardente, résolue et inflexible. La force d’un refus, qu’avait déjà exprimé le général de Gaulle en 1940, et qui n’avait depuis cessé de croître.
La Résistance est née au cœur du plus atroce effondrement de notre histoire, à l’heure où les chaudes nuits d’été se font assassines ; à l’heure du vol feutré des parachutes alliés faisant pleuvoir armes ou combattants et dont la vue soulageait tout un maquis ; à l’heure des rafles dans les matins blêmes ; à l’heure des caves et des cellules, où résonnent les cris des innocents qu’on y torture. A l’heure des greniers que l’on ouvre, pour y cacher Juifs ou résistants. Comme il fallait croire en l’honneur, en la France et en ses alliés pour rejoindre l’armée des ombres ! Qu’y avait-il de commun entre toutes ces femmes et ces hommes ordinaires qui se sont grandis dans les évènements ? Ni classe sociale, ni religion, encore moins de parti politique. Mais l’espérance et l’amour de la République, qui gouvernaient ces vies clandestines. Chez ces soldats de nécessité, dans le sublime de leur lutte et le tragique de leur mort, notre pays a su trouver quelque chose en lui après la désolation.
Hommes et femmes, les résistants se sont engagés dans cette aventure hasardeuse sans calculs, sans garanties, et avec cette modestie qui les caractérisait. Ils étaient ces milliers qui, en arpentant des chemins différents, sillonnant nos régions et nos cantons, traçaient les traits de cette France qui relevait doucement la tête. La Résistance prît de nombreuses formes et de nombreux visages. Ce sont celles et ceux qui gagnèrent le maquis, car ils préféraient la rudesse honnête de la vie sauvage à la compromission honteuse dont ils étaient les témoins révoltés.
Ce sont celles et ceux qui firent sauter des ponts pour retarder une division allemande, ou pour faire dérailler une livraison d’armes. Ce sont ces imprimeries clandestines qui n’étaient pas enchainées et tenaient un discours de vérité, annonçant ainsi le retour d’une presse libre, composante essentielle à une démocratie pérenne. Ce sont ces étrangers, combattants comme Missak Manouchian et son groupe, que la Nation reconnaissante a fait entrer au Panthéon, ou protecteurs comme Sabine Zlatin, l’infirmière juive d’origine polonaise, la Dame d’Izieu bouleversée par la rafle des enfants qu’elle cachait. Ces étrangers, Français par le choix et le sang versé, qui n’ont pas trahi. Ce sont celles et ceux qui partirent pour l’Angleterre, l’Algérie ou le Maroc pour rejoindre les Forces Françaises Libres et préparer le retour au pays natal, dont ils avaient l’exil en horreur. Ce sont toutes celles et ceux qui, capturés chez eux ou au maquis, dans les matins trompeurs ou les nuits douloureuses, ont crié « vive la France », comme Marc Bloch avant de tomber, ou bien, comme Jean Moulin, qui se sont élevés dans le silence gardé. Enfin, ce sont les femmes et les hommes qui, il y a 80 ans, dans le secret des plans et la hâte du lendemain, ont préparé les Débarquements. Sans leurs actions décisives, s’ils n’avaient pu informer comme ils l’ont fait, si les routes n’avaient pas été coupées, les ponts effondrés et les convois attaqués, les Débarquements n’auraient sans doute pas eu le même succès, et les pertes auraient été plus importantes. Chez eux, la lucidité n’avait pas conduit au découragement. Ils étaient les meilleurs fils et filles du vieux pays écroulé et, comme le disait l’un d’entre eux, poète de Provence aux mains rocailleuses et à l’esprit si grand, « les degrés solitaires d’une gloire collective ». La Résistance aux insomnies nécessaires, la Résistance aux martyrs innombrables n’était pas seulement le mouvement d’hommes et de femmes qui avaient dit non. Elle était aussi celui de bâtisseurs qui avaient en partage l’unité des buts et des sentiments. Comme le disait Pierre Brossolette, « les morts de la Résistance ne nous demandent pas de les plaindre, mais de les continuer. Ils n’attendent pas de nous un regret, mais un serment ; pas un sanglot, mais un élan ». Cet élan, c’est celui de la Libération et de ce qui lui succèdera, car c’est aussi cela, la Résistance : une refondation radicale. Refondation sociale, avec déjà l’idée de la sécurité sociale, du droit au travail, du besoin d’une élite non de naissance mais de mérite. A jamais, la flamme de la Résistance éclairera la République et le chemin de toutes celles et ceux qui la partagent.
Vive la République !
Vive la France ! “
S’en sont suivis cinq dépôts de gerbes par :
- M. Fabien Tuleu, Sous-Préfet de l’arrondissement d’Argelès- Gazost.
- M. Benoît Mournet, Député des Hautes-pyrénées, a déposé une gerbe au nom des parlementaires des Hautes-Pyrénées.
- Mme Évelyne Laborde, Conseiller départemental, a déposé une gerbe pour le Conseil Départemental.
- M. Thierry Lavit, maire de Lourdes et M. Jean-Georges Crabarie, délégué aux Anciens Combattant.
- M. Marcel Saparra a déposé une gerbe au nom de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance.
La commémoration s’est clôturée par une minute de silence et la diffusion de La Marseillaise.
Publié le 29/05/2024