Présent depuis quarante-cinq ans dans la cité mariale, Marc Meyraud, l’organiste titulaire de l’église du Sacré-Cœur, lance Les heures d’orgue : l’orgue de A à Z, un rendez-vous culturel inédit qui se tiendra tous les derniers dimanches du mois à 16 h 30. Une heure de concert gratuite et ouverte à tous pour découvrir un instrument exceptionnel et un répertoire colossal.
Un instrument unique dans le Sud-Ouest
L’orgue du Sacré-Cœur, conçu par Marc Meyraud en 1992, est un instrument d’exception. « C’est un orgue d’inspiration allemande du XVIIIe siècle. Dans la région, je peux même dire que dans tout le Sud-Ouest, il n’y a pas d’équivalent », explique l’organiste. Avec ses quarante jeux, cet instrument représente un investissement considérable : « Dites-vous que chaque jeu coûte à peu près le prix d’une voiture neuve. »
Le choix du style allemand n’est pas anodin : « J’ai choisi ce style parce que c’est celui avec lequel on peut faire le plus de choses musicalement. Bien sûr Jean-Sébastien Bach et tous les autres, mais aussi la musique du XIXe et du XXe siècle. C’est le plus polyvalent. »
Un répertoire encyclopédique
Marc Meyraud dispose d’un répertoire impressionnant de 12 000 œuvres de 800 compositeurs différents. « J’ai un côté encyclopédiste, c’est mon tempérament« , confie-t-il. « Je joue quarante heures par semaine et je suis constamment en train de déchiffrer de la musique nouvelle. Quand je dis 12 000 morceaux, c’est que je les ai travaillées et elles sont prêtes à jouer. »
Ce patrimoine musical méconnu, l’organiste souhaite le partager : « Souvent, quand on va dans les concerts d’orgue, tout le monde joue les mêmes morceaux. J’ai tendance à ne pas jouer les morceaux connus. La plupart des auteurs d’orgue sont totalement inconnus, car les grands compositeurs comme Mozart ou Beethoven n’ont presque pas écrit pour l’orgue. »
Le concept « de A à Z«
Pour faire découvrir ce vaste répertoire, Marc Meyraud a imaginé un concept original : parcourir l’alphabet. « Mon premier rêve était de faire un marathon de l’orgue : jouer trois heures le matin, trois heures l’après-midi, tous les jours en continu. Ça fait environ 1 000 heures de concert. Mais le problème c’est qu’il faut avoir des gens qui viennent écouter ! » La solution ? L’ordre alphabétique.
Depuis trois ans, l’organiste sélectionne ce qu’il appelle les morceaux « plus plus plus » : « Ceux qui sont vraiment intéressants à jouer pour le public. Des pièces particulièrement faciles à écouter : émouvantes, brillantes, spectaculaires. » Pour chaque lettre, il dispose d’environ 300 pièces déjà sélectionnées.
Rendre la musique d’orgue accessible
Marc Meyraud a à cœur de démocratiser la musique d’orgue. Sa méthode ? « D’abord par le choix des œuvres attrayantes. Ensuite, je regroupe les pièces par deux ou trois pour créer un spectacle. C’est exactement comme au théâtre : il faut des pics, des temps de repos. »
L’organiste présente systématiquement les morceaux : « Je dis toujours des petites choses : des anecdotes sur la vie de l’auteur ou sur le morceau. J’explique pour que les gens sachent écouter. Je sais depuis des années que ça intéresse beaucoup les gens. »
Un partage sans arrière-pensée
« Je n’ai pas d’ambition au sens où je ne poursuis pas des objectifs personnels« , insiste Marc Meyraud. « Ce que j’aime, c’est faire partager ce que j’aime. C’est pour ça que je n’ai pas appelé ça ‘concert’, j’ai appelé ça ‘audition’. Il n’y aura pas de panier, pas de quête. Je veux que ce soit vraiment uniquement l’aspect partage. »
Après quarante-cinq ans de discrétion, l’organiste ouvre enfin les portes de son univers musical au public lourdais. « On vient entendre cet orgue magnifique qu’on n’a jamais entendu ailleurs, parce que je ne l’ai jamais fait entendre en concert ici. J’ai joué une fois en concert ici en 1997, je crois. »
Ces Heures d’orgue s’adressent à tous, mélomanes ou néophytes, dans un esprit purement culturel. « La musique en elle-même n’est pas religieuse, sauf dans l’esprit de l’auteur qui l’a écrite. Si vous ne savez rien du contexte, c’est juste de la belle musique. »
Deux œuvres incontournables
Parmi les pépites à découvrir, Marc Meyraud recommande la Sixième sonate de Mendelssohn (« extraordinaire« ), le Prélude et fugue de Franz Liszt sur les lettres du nom de Bach (« une œuvre monumentale« ), et des pièces italiennes de la fin du XIXe siècle : « C’est très amusant, ça ressemble à de l’opéra, du Verdi. Les gens adorent. »
