La commémoration de la Libération de Lourdes s’est déroulée le mardi 19 août en trois temps.
D’abord à 10 h, à l’Hôtel de Ville, pour la présentation des portraits d’Henriette Colongue et Reine Basterre, deux résistantes lourdaises, puis au cimetière de Langelle pour déposer une gerbe sur la tombe du Capitaine Auzon et enfin, devant la plaque commémorative située avenue de la Gare pour la cérémonie solennelle.
Cette cérémonie a été présidée par Thierry Lavit, le maire, de Jean-George Crabarie, élu aux Anciens combattants et des élus du Conseil municipal, de Maryse Carrère, sénatrice des Hautes-Pyrénées, de Stéphane Peyras, conseiller départemental ainsi que des Présidents et membres d’associations patriotiques, du SDIS, les Porte-drapeaux et des représentants des Forces de l’ordre : Gendarmerie, Police nationale, Police municipale.
Mémoire et reconnaissance pour deux femmes de la Résistance
La cérémonie a débuté par la présentation des portraits de deux résistantes lourdaises en salle du Conseil municipal en présence de leurs familles, rejoignant ainsi le mur d’hommage aux résistantes lourdaises honorées en 2024 : Radegonde Callet et Alice Carrazé.
- Reine Basterre, née à Bordeaux en 1897, s’installe à Lourdes en 1931 où elle tient un magasin d’objets de piété rue de la Grotte. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, elle s’engage dans la Résistance, d’abord de façon indépendante, puis au sein de plusieurs réseaux dont Visigoths-Lorraine, Alliance et Bénédictine. Agent de liaison et de renseignement, elle ravitaille le maquis, participe à la transmission de courriers clandestins (son commerce servant de boîte postale pour des messages venus d’Alger) et œuvre aux côtés des FFI dans le secteur de Lourdes. Arrêtée par la Gestapo en juillet 1944, elle subit interrogatoires et détention avant d’être libérée sous surveillance. Après la Libération, elle intègre le comité de la Libération de Lourdes, mais choisit de se retirer de tout engagement politique dès la fin de l’année 1944. Elle reçoit un diplôme de remerciement des autorités américaines et s’éteint en 1979 à Talence, sans descendance connue.
- Henriette Collongue, née à Lourdes en 1916, s’engage très tôt dans la Résistance, suivant l’exemple de ses parents, eux-mêmes membres du réseau Andalousie. Sous le pseudonyme Sept, elle devient agent P1 des Forces Françaises Combattantes et des FFI. Agent de liaison, elle assure la transmission de courriers clandestins entre Tarbes, Pau, Toulouse et Lourdes, ainsi que dans les vallées d’Argelès-Gazost et de Pierrefitte-Nestalas. Elle participe aussi à l’hébergement du poste de commandement du réseau Claverie et reste active jusqu’en octobre 1944. Elle s’éteint à Lourdes en 1993.
À l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de Lourdes en 2024, Radegonde Callet et Alice Carrazé, deux figures de la Résistance avaient rejoint la galerie des portraits de résistants de la salle du Conseil municipal comme l’a rappelé le Maire : “L’année dernière, à l’occasion du 80e anniversaire de la Libération, nous avions fait entrer deux nouvelles figures de la Résistance : Radegonde Callet et Alice Carrazé. Aujourd’hui, nous continuons à honorer deux autres femmes qui ont, elles aussi, contribué aux actions de résistance dans notre ville. Nous avons souhaité, avec les élus de la Ville de Lourdes, mettre à l’honneur deux femmes : Reine Basterre et Henriette Collongue qui ont largement contribué aux actions de la Résistance dans notre cité et qui ont donc toute leur place dans la salle du Conseil aux côtés des autres résistants déjà présents.
L’Histoire rend très souvent hommage aux hommes, à leurs actions de bravoure, d’héroïsme et de grandeur. Vous avez aussi remarqué qu’il est facile de trouver des renseignements sur les faits historiques de ces mêmes hommes. Tenter de rechercher et de trouver ces mêmes renseignements en ce qui concerne les femmes n’est pas chose facile. Dénombrer les bâtiments, les rues, les places qui portent leurs noms, s’avère une entreprise difficile.” Après avoir rappelé la biographie des deux résistantes mises à l’honneur, il a déclaré éprouver “une grande fierté à leur rendre hommage et les faire entrer dans la salle du Conseil municipal de la Ville de Lourdes, aux côtés de Mesdames Radegonde Callet et Alice Carrazé. Mesdames Reine Basterre et Henriette Collongue, la Ville de Lourdes souhaite vous donner la place, toute la place, que vous méritez. Mesdames Reine Basterre et Henriette Collongue, la Ville de Lourdes vous remercie sincèrement pour votre dévouement et votre courage pendant la Seconde Guerre mondiale. Mesdames Reine Basterre et Henriette Collongue, la Ville de Lourdes vous remercie au nom de toutes les Lourdaises et des Lourdais. Aujourd’hui, nous nous souvenons.”
Discours complet du Maire en téléchargement.
Ensuite, Thierry Lavit a invité l’assemblée à se diriger vers le cimetière de Langelle afin de rendre hommage au Capitaine Honoré Auzon et à tous les résistants lourdais où un dépôt de gerbe a été effectué par Madeleine Navarro présidente du Souvenir Français accompagnée de Thierry Lavit et Jean-George Crabarie.
“Se souvenir, c’est déjà résister”
À 11 h, la cérémonie commémorative a pris place, avenue de la Gare devant la plaque commémorative placée sur la façade de l’hôtel Le Parc.
Devant l’assemblée réunie, Thierry Lavit a replongé Lourdes dans son histoire : “Il y a 80 ans, le 19 août 1944, les troupes allemandes présentes à Lourdes acceptaient de capituler. Cette reddition, l’une des premières dans le Sud-Ouest de la France, a marqué un tournant décisif, accélérant la libération d’autres villes de la région.
Le procès-verbal de cette capitulation fut signé à l’hôtel Beauséjour (NDLR Le Parc) – alors siège du commandement des Douanes allemandes – en présence du lieutenant-colonel Martial, représentant de la Direction générale des Services Spéciaux de l’État-Major, du commandant Kulitzscher, du capitaine Honoré Auzon, dit Léon, chef du secteur FFI de Lourdes, et du sous-préfet Saint-Pierre, représentant l’arrondissement d’Argelès-Gazost.
Ce jour-là, 9 officiers et 340 soldats allemands furent faits prisonniers. Leurs armes furent saisies.
La ville de Lourdes, tout comme l’arrondissement d’Argelès-Gazost, retrouva la liberté sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré, sans qu’aucune vie ne soit perdue, sans blessés.
Le lendemain, le 20 août 1944, c’est l’ensemble du département des Hautes-Pyrénées qui était libéré. Mais si la joie et le soulagement furent immenses, ils ne peuvent effacer les épreuves traversées par la population durant l’Occupation : des mois de privations, d’humiliations, de peurs et de souffrances, tant pour les civils que pour les militaires.
N’oublions pas qu’entre juillet 1942 et août 1944 :
- 150 actions de guérilla ont été menées ;
- 205 résistants y ont laissé la vie ;
- Plus de 520 ont été arrêtés, internés ou déportés, pour avoir défendu leurs idées, leur foi, leur liberté.
N’oublions pas non plus les représailles menées par l’occupant : dans les trois derniers mois précédant la Libération, elles ont coûté la vie à 78 civils et fait plus de 50 blessés dans notre département.
En ce jour de commémoration du 81e anniversaire de la Libération de Lourdes, nous avons choisi de mettre à l’honneur deux femmes dont le courage et l’engagement dans la Résistance ont marqué notre histoire : Reine Basterre et Henriette Collongue.
Comme tant d’autres femmes, elles ont accompli des missions périlleuses, affronté les mêmes dangers, bravé les interdits, risqué leur liberté — parfois leur vie — pour défendre celle des autres.
Elles ont refusé la soumission, se sont levées contre l’occupant, portées par la force de leurs convictions et l’amour de leur pays.
Certaines n’ont pas survécu à cet engagement. Toutes méritent notre reconnaissance. Par leur détermination, leur bravoure, leur résistance à l’inacceptable, ces femmes ont prouvé une chose essentielle : la Résistance n’a pas de genre. Elle est l’affaire de tous, quelles que soient les époques.
Citoyens, élus, représentants associatifs, c’est notre responsabilité collective de faire vivre cette mémoire, de la transmettre avec fidélité et force aux générations futures.
Restons vigilants. Ne relâchons jamais nos efforts pour préserver la Paix, la Liberté et la Démocratie.
Et souvenons-nous : se souvenir, c’est déjà résister.
Je vous invite à toujours lutter, avec conviction et courage, pour ne jamais répéter les erreurs du passé.
Aujourd’hui, nous nous souvenons.
Aujourd’hui, nous honorons leur mémoire.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous formulons le vœu d’une paix durable dans notre pays.”
S’en est suivi un dépôt de gerbe effectué par le maire, Thierry Lavit, Philippe Ernandez et Jean-George Crabarie, puis, la sonnerie Aux Morts, une minute de silence et la diffusion de La Marseillaise.
Un vin d’honneur offert par la Municipalité a été servi au sein de l’hôtel Le Parc pour clore la cérémonie.
L’occupation allemande et la Libération de Lourdes
Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1ᵉʳ septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939.
Le 14 juin 1940, les troupes allemandes défilent à Paris, sur les Champs-Elysées. Le 20 elles sont à Brest, le 22 à La Rochelle. Le 11 novembre 1942, la France entière est occupée et les troupes allemandes en provenance de Bordeaux pénètrent dans les Hautes-Pyrénées. De petites garnisons s’installent à Lourdes, Tarbes et Lannemezan.
Les Francs-tireurs et partisans français occupent le secteur de Bagnères dès le 10 juin 1944. La reddition du commandement allemand de Lourdes au Capitaine Honoré Auzon représentant des FTPF se fait sans heurt, ni combat, le 19 août, devant l’hôtel Terminus, aujourd’hui Beauséjour/Best Western.